La reproduction des anguilles dans les textes zoologiques de l'Antiquité
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Présentée dans les textes anciens comme un met délicieux et précieux (par exemple, Aristophane, Acharniens., 855 sqq.), l'anguille est un animal fascinant pour ce qui concerne sa reproduction, décrite de manière complète seulement à la fin du XIXème siècle par les zoologues Grasso e Calandrucci (1892).

Le savoir antique sur les anguilles était construit, au moins en partie, à partir d'une analogie avec un animal terrestre, le serpent, sur lequel est formé le zoonyme latin. Aristote est le seul zoologue ancien qui approfondit la question de sa reproduction. Elle est abordée par la négation, puisque l'anguille est décrite comme un animal qui ne se reproduit pas par copulation, qui n'est pas ovipare, et qui ne possède ni semence ni œufs (Histoire des animaux, VI, 16). Il affirme ainsi qu'elle tire son origine d'autres êtres, les « entrailles de terre », qui à leur tour naîtraient de manière spontanée dans la vase (ibid.). Les autres auteurs anciens ne se penchent plus guère sur la question, et ils se concentrent en revanche sur d'autres aspects de la relation que les Anciens avaient avec ce poisson. On est confronté ainsi à des témoignages sur des lieux où elles étaient considérées comme des animaux sacrés (Pline, Histoire naturelle, 32,16,4, Plutarque, L'intelligence des animaux, 976, A, 4) et les textes s'intéressent surtout à l'anguille comme nourriture, en décrivant à la fois les techniques de pêche et sa présence dans la gastronomie (par exemple, Apicius, Gastronomie, 10,3,1,1, Pline, H.N., 9,74,1). Les quelques auteurs postérieurs à Aristote qui mentionnent sa reproduction en décrivent l'accouplement soit de manière assez énigmatique (Pline, par exemple, dit qu'elles se frottent contre les roches pour procréer, N.H., 9, 160, 8), soit leur prêtant un type d'accouplement très proche de celui des serpents, prolongeant ainsi le parallélisme entre les deux animaux (Athénée, Deipnosophistes, 7, 52, 13-14, Oppien, Halieutiques, I, 513-20).

La comparaison avec le serpent, employé parfois de manière métaphorique pour signifier le membre viril (voir, entre autres, Straton, Anthologie Palatine, 11, 22) rend aussi possible l'interprétation du mot énkhelys dans ce sens, par exemple dans un fragment d'Archiloque (Frg. 189 W.). Toutefois, elle est un symbole sexuel assez contradictoire : dans la comédie attique, par exemple, on compare les anguilles à des jeunes filles séduisantes (enrobées dans leurs vêtements, tout comme les anguilles étaient servies dans des feuilles de betterave, Aristophane, Ach., 885) ou bien à des hommes peu virils, pour leur peau lisse (Aristophane, Frg., 229 K.-A.).

A partir d'une enquête systématique des occurrences des mots énkhelys et anguilla dans les corpus TLG e TLL, notre contribution voudrait donc analyser de plus près les représentations anciennes liées à la reproduction de cet animal, en posant également la question si le double traitement en tant que symbole sexuel peut être mis en rapport avec le savoir zoologique ancien, qui représentait l'anguille, dans la plupart des cas, comme un animal à la reproduction asexuée. 

 

 

 

 



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